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Margot, traiteur “veggie” par conviction

© Virginie M. Photographe

Si on devait résumer Margot en un adjectif, ce serait “fonceuse”. «  J’aime quand ça bouge. Quand j’ai une idée en tête, il faut que ça soit fait rapidement  », exprime cette jeune Dinannaise de 32 ans, qui n’a pas hésité à suivre son cœur pour trouver sa voie.

Car les débuts professionnels de Margot ne la destinent pas à ravir nos papilles d’une cuisine végétale, parfumée et colorée. En effet, cette dernière commence sa carrière en travaillant comme technicienne sur un logiciel de paie pour le compte d’une grosse entreprise. En 2019, avec son conjoint, ils décident de s’expatrier au Canada, plus précisément à Vancouver, pour deux années. « Nous avons fait une demande de “permis vacances travail", un visa accordé aux jeunes de moins de 35 ans. Nous avons eu beaucoup de chance d’être tirés au sort tous les deux. Nous nous sommes donc installés et nous avons travaillé dans nos domaines respectifs. »

© Manon LB photographe

C’est au cours de ces deux années que le projet de réorientation de Margot prend forme. « Ma maman est décédée d’un cancer au début de notre voyage. Je me suis posé beaucoup de questions et je me suis cherchée suite à cette perte », explique-t-elle. Elle commence alors à se documenter sur la nourriture saine et à participer à des ateliers animés par des nutritionnistes, ce qui la conduit logiquement à la cuisine végétarienne. « Vancouver est une ville très portée sur le sport et le bien-être, on y trouve beaucoup de restaurants végétariens. Je ne cuisinais pas vraiment à l’époque, c’est la cuisine végétale qui m’a amenée à cette pratique. Le COVID m’a donné le temps de tester des recettes. Je me suis découvert une véritable passion. Il existe tellement de possibilités ! »
Pour Margot, manger végétarien répond à une logique de santé, mais aussi de défense de la cause animale et environnementale.

De retour en France, Margot suit la formation canadienne Plant-based certification, cursus en ligne qui l’aide à acquérir les bases de la cuisine végétarienne. « Passer un CAP ne m’intéressait pas, le programme n’a pas évolué depuis des années, je ne suis pas certaine que la cuisine végétarienne y soit abordée. » L’obtention du certificat lui apporte aussi la légitimité dont elle a besoin, le syndrome de l’imposteur n’étant jamais très loin dans le cadre d’une réorientation professionnelle. Dans ce processus de reconversion, elle est encouragée par ceux qui goûtent sa cuisine et l’apprécient, ainsi que par son conjoint et son père, lui-même chef de cuisine au Lycée Les Cordeliers, à Dinan. «  Il cuisine régulièrement 1000 repas par jour, il m’a beaucoup aidée sur la partie logistique, notamment sur l’aménagement de la cuisine.  »

Avant de se lancer à son compte, Margot fait ses premiers pas chez Annadata, un restaurant végétarien bio et gastronomique situé à Saint-Malo, et à la cantine de la ferme La Pampa, qui cuisine ses propres légumes du côté de Rennes.
Le 1er janvier 2022, tout en étant encore salariée, elle s’immatricule au registre du commerce pour commencer quelques prestations le week-end. Quatre mois plus tard, elle se lance entièrement à son compte, comme cheffe à domicile et traiteur spécialisée en cuisine végétarienne, prônant une cuisine saine, de saison, majoritairement bio et locale.

© Roxane Beaufils

« Mon rythme de travail a changé, pour se concentrer sur les week-ends et au cours de la saison estivale. Ça me convient très bien, je n’aime pas les horaires fixes, je préfère le changement. »

Elle constate une augmentation des demandes de repas végétariens, notamment pour les mariages : « Même des personnes non végétariennes font appel à mes services, parce qu’elles sont sensibilisées. »

La démarche positive de Margot se retrouve au-delà du contenu des assiettes, elle concerne aussi les déchets. « J’achète mes produits bruts chez des producteurs, ou en vrac, que je conditionne en boîtes. Tout est fait maison. Je ne produis quasiment aucun déchet, mais je n’y pense même pas  », conclut Margot.

Au Manoir de la Fresnaye, nous confirmons : après une semaine à cuisiner trois repas par jour pour 20 personnes au cours d’un stage de Yoga, nous n’avons jeté qu’une poubelle !
Et les déchets végétaux sont partis au compost, servant à faire pousser d’autres légumes.
Il y a des cercles vertueux comme ça, qu’il faut continuer à faire tourner.